Miriam Baghdassarian
La nature a doté Miriam Baghdassarian d’une voix étonnante, envoutante même et dont une certaine animalité couchée sur la mélodie vient subrepticement chatouiller votre échine pour la parcourir d’un grand frisson.
S’il existait un quelconque instrument de mesure pour évaluer la puissance libérée par cette voix pleine de soul, une voix que Miriam déploie d’ailleurs sans efforts – et que l’on goûte pleinement dans l’entraînant hymne rock Run Away, son premier simple sous étiquette Musicor –, tel instrument pour être juste devrait autant prendre en compte l’intensité de cette voix mais aussi, et peut-être surtout, l’émotion qu’elle nous procure.
Il en devient alors difficile de croire, lorsque vous avez enfin la chance de discuter avec l’artiste, que la finaliste si douée de La Voix 2018, une jeune femme d’origine arménienne maintenant établie au Québec, a tout fait durant son adolescence… tout, sauf partager publiquement cette voix. Comme un jardin rendu plus secret encore par la gêne, l’appréhension, le jugement de l’autre.
« J’étais très timide et ne voulais chanter en présence de personne » explique Miriam. Et pourtant, le rêve, l’envie étaient déjà là : « Lorsque j’étais seule à la maison, je sautais sur mon lit, imaginant que c’était une scène. Je faisais ça presque quotidiennement. »
Mais rien n’y faisait. Pas même les encouragements de sa mère, une professeure de linguistique et de musique qui emplissait la maison familiale de la musique d’Amy Winehouse, Miley Cyrus, Beyonce, Erykah Badu et Lauryn Hill. Non, Miriam n’envisageait pas sérieusement d’oser embrasser une carrière musicale. Jusqu’à ce que sa participation à deux concours de talent, en Arménie puis au Québec, ne finisse par la convaincre elle plus que tout autre que le rêve était possible.
Une première apparition dans la version arménienne de The X Factor a bouleversé le cours des choses et balayé les réticences.
Une interprétation de Little Me, chanson qui de son propre aveu lui parlait beaucoup, marque ainsi son premier passage sur une scène. La performance bien sûr, mais aussi le plaisir partagé avec un public et cette sensation incroyable ont ainsi progressivement amené Miriam a accepter que cette voix, sa voix lui ouvrait de nouveaux horizons jusqu’ici enfouis, dissimulés. « C’était une bonne expérience, pleine de défis pour une fille de 16 ans. Je n’ai pas atteint la finale faute d’expérience de scène, d’autant que tout était nouveau », explique-t-elle.
L’année de ses 17 ans, la famille Baghdassarian déménage au Québec. Miriam a une nouvelle occasion de briller, cette fois à la populaire émission La Voix. Elle raconte qu’elle ne s’était pourtant pas inscrite aux auditions. « Mon oncle m’a appelée pour me dire qu’il avait envoyé mon nom à veille de la clôture des mises en candidature », se souvient Miriam. « Comme ça ne faisait pas partie de mes priorités, j’ai commencé par refuser. Mais mon oncle m’a dit : « Je crois que ça serait bien pour toi. Qu’est-ce que tu as à perdre ? Tente ta chance ! » ».
Tonton avait vu juste! En plus de se classer deuxième du concours et de briller devant des millions de téléspectateurs, Miriam s’est aguerrie en bénéficiant des précieux conseils de sa coach, la superstar Lara Fabian. Oui, La Voix se révèle une étape majeure dans la jeune carrière artistique de Miriam. L’immense popularité de l’émission lui fait immédiatement acquérir des centaines de milliers de fans, et 1,7 million de visionnements sur YouTube. « C’était une très belle expérience », dit-elle. « J’ai appris à prendre soin de ma voix et à agir de manière plus responsable parce que des gens dépendent de moi. »
La suite ? En mai 2018, Miriam compte au nombre des artistes choisis par Toyota Canada pour annoncer ses véhicules hybrides. L’année suivante, consécration, elle est la chanteuse principale du spectacle American Story Show 2 : les années Woodstock.
Puis c’est l’entrée en studio pour travailler son propre matériel et l’enregistrement d’un premier extrait : Run Away, une chanson originale, coécrite par Miriam avec les Montréalais Dan Cinelli (Nikki Yanofsky, Florence K., Dany Bédar) et Lucas Liberatore, alias Lucastheproducer (Ariane Moffat).
Avant de faire sa route sur les ondes canadiennes, Run Away a tout d’abord été interprétée lors du concours télévisé Depi Evratesil 2020 à Erevan, en Arménie; le choix de Miriam pour se qualifier au concours Eurovision 2020, sous les couleurs de sa nation d’origine. Il faut dire que la jeune femme a écrit Run Away à la suite de la perte d’un ami proche; un drame survenu lors du récent conflit en Arménie. Pour Miriam, c’est « un message de paix et de courage » que portent sa chanson et son vidéoclip. « Vous devez faire face à vos peurs », explique-t-elle. « Une fois que vous les avez dépassées, vous réalisez que les difficultés de la vie ne sont pas la fin du monde. Quand vous arrêtez de fuir et faites face à vos problèmes, il y a du bon ; la lumière finit par percer. »
Cette lumière éclaire tout autant la puissance vocale de Miriam Baghdassarian, diplômée en art, qui adore les sushis, possède deux lapins et un chien, qui aime la plongée sous-marine et dont le livre préféré est Le comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
On annoncera d’ici quelques mois une importante production théâtrale internationale dans laquelle Miriam tiendra un rôle majeur.
En attendant, outre le développement de sa carrière et l’achèvement de ses études de musique au collège Vanier de Montréal, Miriam cherche simplement à utiliser son talent comme vecteur d’une énergie positive, tout en explorant pour l’avenir d’autres disciplines et possibilités.
« J’ai hâte d’explorer et d’exprimer toute la polyvalence que ma voix me permet de mettre de l’avant », déclare Miriam. « Restez à l’affût ! J’ai tant de choses à dire à travers ma musique. »
À n’en pas douter, la lumière brillera longtemps sur cette jeune femme exceptionnelle !